Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était l’établissement le plus florissant que nous eussions rencontré depuis notre départ de la Rivière Rouge. Il faut donc reconnaître que les prêtres catholiques l’emportent beaucoup sur leurs frères protestants par l’influence qu’ils exercent et par l’élan qu’ils donnent à leurs missions. Sans aucune crainte du danger ni des privations, ils ont fondé des établissements à La Crosse, à Saint-Alban, à Sainte-Anne, et à d’autres endroits isolés au fond des forêts. Ils y ont réuni près d’eux les métis et les Indiens, et leur ont enseigné, avec un incontestable succès, les éléments de la religion et de la civilisation. Les missionnaires protestants, au contraire, demeurent inactifs, se réconfortant dans les faciles jouissances de |’établissement de la Rivière Rouge, et croyant avoir comblé la mesure de leurs devoirs lorsqu’ils ont fait par hasard une visite à l’un des postes les plus voisins.

Le soir nous retournâmes à Edmonton. M. Pembrun, du lac La Biche[1], venait d’y arriver pour prendre le commandement de la brigade des bateaux que la Compagnie envoie porter à Norway-House[2] les fourrures recueillies durant la saison écoulée. Nous y trouvâmes aussi M. Macaulay de Jasper-House[3], qui venait chercher ses provisions d’hiver.

M. Pembrun avait, les années précédentes, plusieurs fois traversé les Montagnes Rocheuses, par Jasper-House et par le col de l’Athabasca, et même une fois en plein hiver. Il nous conta plusieurs détails de ses voyages, et entre autres une aventure qui ressemble fort à une de celles qui ont rendu célèbre le baron Munchausen. Mais quiconque est familiarisé avec la localité qui en a été le théâtre, se trouvera disposé à y ajouter foi.

  1. Le lac La Biche est au nord-nord-est d’Edmonton ; il en sort un ruisseau qui va tomber dans l’Athabasca. (Trad.)
  2. Voir p. 136. (Trad.)
  3. Sur la gauche de l’Athabasca supérieure. Ce fort et l’Athabasca donnent leurs noms, l’un au col de La Cache de la Tête Jaune, qui conduit au Fraser (p. 194) ; l’autre, à un col qui mène à la Columbia (p. 196). (Trad.)