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mette de mentionner ce conte est qu’il est généralement accepté par les métis. Un grand nombre d’entre eux assurent avoir vu cette masse de fer ; un homme même nous affirma qu’il l’avait deux fois visitée. La première, il l’avait levée avec facilité ; la seconde, quelques années plus tard, il ne put pas même la faire mouvoir ! Ce dernier nous a garanti, de la façon la plus solennelle, la sincérité de son récit.

Baptiste nous dit encore que, quelques années auparavant, M. Rowand, d’Edmonton, avait acheté une pépite d’or à un Indien qui prétendait l’avoir trouvée au pied des Montagnes Rocheuses. L’or fut transmis en Angleterre à la Compagnie, et l’Indien reçut l’ordre formel de ne parler à personne de sa trouvaille, s’il ne voulait pas qu’il lui en arrivât malheur.

Au lac des Brochets (Jack-fish Lake), nous nous rencontrâmes avec Gaytchi Mohkémarn et quelques Cries des Bois de sa connaissance. Gaytchi nous fit des excuses au sujet de l’extrême nécessité qui l’avait obligé, cet hiver, à consommer notre viande. Ces Indiens nous quittérent après nous avoir accompagnés une journée, et en ayant réellement l’air chagriné à l’idée de ne plus nous revoir. La difficulté principale que nous eûmes dans cette partie de notre voyage vint des passages de rivières, car la fonte des neiges y faisait couler les eaux à pleins bords. En général, nous faisions d’abord un petit radeau sur lequel l’un de nous gagnait l’autre côté de la rivière ; ensuite, avec une amarre attachée à chacune des rives, nous tirions le radeau tantôt en avant, tantôt en arrière, jusqu’à ce que nous eussions achevé de transporter tout le bagage. Quant aux chevaux, on les faisait passer à la nage. Les charrettes vidées étaient traînées à travers. C’était un ouvrage fatigant ; car nous devions, soit dans l’atmosphère refroidie du soir ou dans l’air encore froid du matin, nous tenir debout ayant de l’eau glacée jusqu’aux genoux.

Une de ces rivières fut passée sur un étroit pont de glace, qui