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pour permettre à nos charrettes d’avancer sur la terre. Le premier soin à prendre était de retrouver nos chevaux que nous avions lâchés au début de l’hiver. Comme nous avions de temps en temps aperçu leurs traces, nous connaissions la direction qu’ils avaient prise. La Ronde suivit leur piste aisément et les découvrit à huit ou dix milles du logis. Ce qui nous étonna le plus lorsqu’il les ramena à la Belle-Prairie, ce fut l’excellent état où ils se trouvaient. Bien qu’ils eussent été fort maigres quand la neige avait commencé à tomber et que deux d’entre eux eussent été attelés au traîneau dans la première partie de l’hiver, ils étaient devenus de vraies boules de graisse. Ils avaient autant de feu et d’esprit que s’ils eussent été nourris avec du blé, ce qui est loin d’être la condition habituelle des chevaux indiens. La pâture est si nourrissante que, même en hiver, où ils ont à chercher leur nourriture sous la neige, les animaux s’engraissent rapidement, pourvu qu’ils trouvent des bois où s’abriter contre les rigueurs des vents. Il n’y a pas de chevaux plus hardis ni plus endurants que ceux de ce pays ; et cependant ils ne peuvent paître que l’herbe des prairies et les vesces des taillis. Les vaches laitières et les bœufs de trait, près de la Rivière Rouge et dans le Minnesota, qui ne vivent que de gazon, sent ordinairement dans une condition presque aussi belle que celle du bétail nourri dans les étables et amené à l’exposition de Baker Street.

Le 3 avril nous avions chargé nos charrettes. Nous tournâmes le dos à la Belle-Prairie avec quelques sentiments de tristesse. Nos amis indiens étaient tous absents et nous partions en regrettant de n’avoir pu faire nos adieux ni au Chasseur ni à Miscouépémayou. Le 6 avril, nous atteignions la Saskatchaouane. Elle était encore bien prise et nous la passâmes sur la glace. À Carlton, nous trouvâmes Treemiss qui partait pour l’Europe. La Ronde le suivit le lendemain, allant à la Rivière Rouge. Nous envoyâmes Rover avec eux, car nous avions peur de le perdre après être arrivés dans la Colombie Britannique. Ce fut une faute que nous