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Ils le consommèrent avec le calme et la dignité de gens trop bien élevés pour montrer aucune avidité ; mais, à la vérité, ils ne laissaient pas une bouchée de ce qu’on leur servait.

Au milieu de ses hôtes, le Chasseur était dans toute sa gloire. La plupart étaient pour lui de vieilles connaissances. Lorsqu’ils eurent mangé, il provoqua au jeu trois jeunes gens, les dandies de la troupe. Ils étaient peints avec recherche ; ils portaient des jambières et une ceinture écarlate ; les courroies de leur gibecière étaient brodées. En un mot, ils étaient dans toute la parure des Indiens.

Le jeu auquel ils se livrérent est conduit fort simplement. Tous les enjeux de chaque joueur sont réunis. Leurs valeurs relatives sont fixées et on les divise en autant de lots qu’il y a de joueurs. Souvent un Indien risquera couteau, fusil, munitions, tout ce qu’il posséde, ne conservant que les vêtements qu’il porte. Pendant ce temps, les assistants battent les poêles à frire et les marmites en métal, en entonnant leur perpétuel ; « He, he, hi, hi, huy, huy, » la chanson ordinaire des Indiens.

Les joueurs s’asseyent en face l’un de l’autre, les jambes croisées, et la capotte ou la couverture étendue sur les genoux. Le jeu consiste en ceci : un des joueurs cache dans ses mains deux petits objets, comme une vis de baguette à fusil ou un morceau de fil de laiton ; les adversaires essayent de deviner ce qu’il a dans les mains. Celui qui cache fait de son mieux pour tromper les autres. Il tient ses mains dans un mouvement continuel ; tantôt les réunissant, tantôt les mettant sous la couverture qui recouvre ses genoux, tantôt les plaçant derrière son dos. Entre chaque changement, les mains sont exposées au choix des adversaires qui les examinent avec soin, avec passion, et qui généralement sont longs à se décider.

Pendant tout ce temps, les batteries d’instruments ni les chansons ne cessent ; les joueurs remuent leurs corps en mesure et se baissent ou se lèvent en cadence. Le résultat de chaque coup,