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en marchant avec les raquettes. La neige avait alors près de trois pieds, et cette profondeur obligeait les deux hommes à aller en avant, de façon à ce que la trace fût assez foulée pour supporter le poids des chiens et de leurs traîneaux. Malgré les fatigues de cette route, nos amis s’avancèrent avec tant de zèle que, le matin du quatrième jour, ils atteignaient notre vieux bivouac, près du lac, où nous avions, dans une si grande anxiété, attendu le retour de Kînémontiayou.

Dans cette occasion, il arriva encore que tous furent gelés à la figure quoique d’une façon assez restreinte et qu’ils se trouvèrent réduits à une journée de provisions. Partout où la vieille trace était apparente, on retrouvait les empreintes du wolverène qui l’avait suivie vers la plaine. Les malheureux tremblaient donc pour leur cache et comme ils voyaient chaque jour que le wolverène n’avait pas cessé de suivre la piste, le Chasseur, en montrant les empreintes, s’écriait : « Kekouaharkess méryartis ! némétégun wîach ! » (Toujours ce maudit wolverène ! nous ne trouverons plus un morceau de viande !)

Ils s’attendaient donc à avoir du mauvais temps à passer, car il y avait bien peu d’apparence qu’ils trouveraient beaucoup de bisons, et, dans ce cas, leur seule chance serait de s’en retourner promptement à la Belle-Prairie, qu’ils pouvaient regagner en trois jours. Cependant, comme le Chasseur pénétrait dans un petit bois près du lac, il eut la joie de découvrir la trace d’un bison. L’animal avait passé en courant bon train, poursuivi probablement par quelque chasseur, et sa piste était de la veille. Kînémontiayou ordonna donc de faire une halte, tandis qu’il pousserait en avant une reconnaissance dans la prairie ouverte. Peu après, il revenait avec la bonne nouvelle qu’il avait vu cinq taureaux paître dans les environs.

Ces bisons se tenaient dans un espace ouvert et d’un accès difficile. Il était pourtant si nécessaire d’en tuer un qu’on décida que le Chasseur s’avancerait seul vers eux, tandis que Cheadle