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abruptes qui forment le côté oriental de l’étroit ravin au fond duquel le Niagara s’élance pour aller tomber dans le lac Ontario. Ce fut avec un grand plaisir que nous cessâmes d’entendre le perpétuel tintamarre de la cloche que sonnait le conducteur pour avertir les gens d’éviter le passage du train, lorsqu’il franchissait les rues à toute vapeur. Nous traversâmes à pied le pont suspendu qui conduit à la rive canadienne, et nous allâmes à Clifton-house. Le bruit de la cataracte se fait entendre dès qu’on est sorti de la station du chemin de fer, et, le long de la route, on aperçoit la cataracte de temps à autre ; enfin près de l’hôtel, on découvre en plein la vue de cette merveille américaine du monde. La première impression qu’elle nous laissa fut celle d’un désappointement. Dès son enfance, on a entendu parler de la grandeur des chutes du Niagara ; on s’est donc fait l’idée la plus exagérée de leur étendue et de leur majesté. Néanmoins le charme de cette scène agit promptement sur nous, et, comme nous nous tenions sur le bord de la chute en fer à cheval, à l’extrémité même du précipice où tombe cette vaste masse d’eau, nous fûmes forcés d’avouer que ce spectacle est sublime. Nous ne nous lassions pas de revenir le contempler ; c’était comme une fascination dont la force augmentait toujours. Par l’éclat d’un clair de lune, durant une belle nuit d’été, la vue de la grande cataracte est vraiment ravissante. Heureusement que de nouveaux sujets nous réclament et s’opposent à ce que nous fassions la folie d’essayer de décrire ce que jamais encore personne n’a réussi à dépeindre au moyen de la plume ou du pinceau. Sur le bateau de Toronto à Lewiston, nous avions fait la connaissance du capitaine –, ou, pour parler plus vrai, il avait fait la nôtre. Ce brave capitaine était peut-être un peu trop grand. Il avait la figure rasée de frais, à l’exception de sa lèvre supérieure qu’ornait une moustache légère et soyeuse. Il portait un chapeau blanc, relevé à dessein d’un côté, et s’appuyait sur une canne élégante. Sa face était toujours illuminée par le plus