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bord la piétiner à l’aide des raquettes pour que les chiens pussent passer. Leur entreprise devait donc être laborieuse. Ils se proposaient de prendre par Touchwood Bills, par le fort Pelley sur l’Assiniboine, par le lac Manitoba (qui communique avec les lacs Ouinnipeg), et de gagner ensuite le fort Garry.

Cheadle, resté seul avec le jeune Indien, alla dans les bois faire une nouvelle tentative pour détruire son ancien ennemi, le wolverène. Miscouépémayou, portant un paquet sur son dos, un fusil sur l’épaule et une hache à la ceinture, marchait fièrement pour ouvrir la route, et montrait toute la dignité et toute la confiance d’un chasseur expérimenté. Aucune empreinte, aucune trace n’échappait à son œil investigateur. Il construisait les trappes et les posait ; il dressait le camp, coupait le bois et faisait la cuisine avec l’adresse et l’habileté d’un vieux trappeur. Cheadle avait pris pour lui le fardeau le plus lourd et la tâche d’abattre les arbres ; mais Miscouépémayou faisait tout ce qu’il pouvait avec une ardeur infatigable, et son assistance avait une valeur réelle, car il portait des charges et maniait la hache d’une façon qui aurait paru surprenante à un Anglais de son âge. Dans tout ce qui concernait l’art de chasser et de voyager, il prenait sur son compagnon un air de grave supériorité, qui pouvait sembler ridicule, mais que les faits justifiaient incontestablement.

Tous deux ensemble, ils passèrent leur temps assez agréablement dans les bois, car il était impossible de s’attrister avec une compagnie aussi gaie, aussi aimable que celle de Miscouépémayou. Cela est vraiment étonnant quand on réfléchit que Cheadle, à leur départ, ne savait guère plus de deux ou trois mots de l’idiome des Cries. Pourtant cette circonstance même était une des sources les plus abondantes de leur gaieté. Rien n’amusait plus le jeune garçon que de servir d’instituteur à son compagnon, et il se mettait à rire aux éclats quand son grand élève se trompait de mots ou les prononçait mal. La communication s’é-