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bûche. Puis on abat un gros arbre, on l’ébranche et on le place de façon à ce qu’il s’appuie sur la bûche de l’entrée dans une direction parallèle. L’amorce est attachée au bout d’un petit bâton. C’est ordinairement un morceau coriace de viande sèche, ou de perdrix ou d’écureuil. Le bâton qui la supporte est projeté horizontalement vers l’intérieur de l’enceinte. Sur le bout extérieur du bâton on met perpendiculairement un autre bâton court qui soutient le gros arbre couché à travers l’entrée. Puis on recouvre le sommet de la trappe avec des écorces et des branches, de façon à ce qu’il n’y ait d’accès à l’amorce qu’à travers l’ouverture laissée entre le tronc soutenu en l’air et la bûche inférieure. Quand l’animal saisit l’amorce, l’arbre tombe sur lui et l’écrase. Un seul jour suffit à un habile trappeur pour construire quarante ou cinquante trappes.

Les trappes d’acier ressemblent à celles où nous prenons les rats ; mais elles n’ont pas de dents et sont à double ressort. On a fait ces ressorts si forts dans les grandes trappes destinées aux castors, aux renards et aux loups, qu’il faut pour les mettre en place toute la vigueur d’un homme. On les tend dans la neige, dont on les recouvre avec soin ; on y jette des fragments de viande et l’on aplanit l’endroit pour qu’aucune trace n’indique qu’on y a touché. La trappe tient à une chaîne qui, à l’autre extrémité, se termine par un anneau dans lequel on passe un gros pieu. Elle n’est pas autrement assujettie. L’animal qui est pris, l’est ordinairement par la jambe, puisqu’il est en ce moment occupé à fouiller la neige pour avoir les morceaux qu’on y a cachés. Il traîne après lui la trappe ; mais il ne peut pas aller bien loin, car le pieu s’embarrasse dans les arbres ou les troncs tombés à terre. L’animal est donc ordinairement découvert par le trappeur, arrêté à peu de distance de l’endroit où la trappe a été tendue.

Le plus redoutable ennemi du chasseur aux fourrures est le glouton de l’Amérique du Nord, appelé ici généralement wol-