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rière une colline devant laquelle les buffles paissaient en venant peu à peu à leur rencontre.

C’était le tour de La Ronde à tirer le premier. Aussitôt donc que le conducteur de la bande fut lentement arrivé à une vingtaine de mètres de distance, il fit feu. L’animal ne tomba pas sur le coup et Cheadle, qui ne voulait pas après tant de peines s’en retourner les mains vides, l’atteignit d’un second coup à l’épaule et l’abattit. Cette conduite irrita profondément La Ronde ; elle était, disait-il, tout à fait opposée aux usages de la chasse ; mais sa colère fit place au chagrin lorsqu’en découpant la bête, il trouva que sa balle n’avait fait que traverser sans la briser l’omoplate, et que le bison leur aurait certainement échappé sans la balle de Cheadle qui lui avait percé le cœur. C’était un jeune taureau superbe, de trois ans, ayant une peau magnifique et une crinière de près d’un demi-mètre de longueur. Avant qu’ils eussent achevé de détacher la viande et de la charger sur un des chevaux qu’ils avaient cette fois amenés avec eux, la nuit était venue.

La chasse les avait conduits à six ou sept milles du camp, et la nouvelle lune était déjà presque descendue. Il paraissait à peu près impossible de trouver la nuit son chemin dans un pays d’une nature aussi uniforme. Cependant La Ronde, plein de confiance en lui-même, poussait toujours devant lui. Lorsqu’ils eurent voyagé plusieurs heures, La Ronde s’arrêta tout à coup et se mit à frapper son briquet pour essayer de reconnaître la vieille piste aux environs du camp. Il ne la trouva pas, mais elle ne pouvait pas être loin ; La Ronde l’affirmait ; car le camp devait être à quelques centaines de mètres de la place où ils étaient. La Ronde avait dirigé sa course sur les étoiles et, faisant entrer en ligne de compte, avec la direction, le temps écoulé et la rapidité de la marche, il en concluait avec certitude qu’ils devaient être à peu près arrivés à leur destination. Tous les trois d’ailleurs étaient convaincus que le camp devait être sur la droite ; on fit