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CANTIQUE DE LA CONNAISSANCE

L’enseignement de l’heure ensoleillée des nuits du Divin

À ceux, qui, ayant demandé, ont reçu et savent déjà

À ceux que la prière a conduits à la méditation sur l’origine du langage

Les autres, les voleurs de douleur et de joie, de science et d’amour, n’entendront rien à ces choses.

Pour les entendre, il est nécessaire de connaître les objets désignés par certains mots essentiels

Tels que pain, sel, sang, soleil, terre, eau, lumière, ténèbres, ainsi que par tous les noms de métaux.

Car ces noms ne sont ni les frères, ni les fils, mais bien les pères des objets sensibles.

Avec ces objets et le prince de leur substance, ils ont été précipités du monde immobile des archétypes dans l’abîme de tourmente du temps.

L’esprit seul des choses a un nom. Leur substance est innomée.

Le pouvoir de nommer des objets sensibles absolument impénétrables à l’être spirituel

Nous vient de la connaissance des archétypes qui, étant de la nature de notre esprit, sont comme lui situés dans la conscience de l’œuf solaire.

Tout ce qui se décrit par le moyen des antiques métaphores existe en un lieu situé ; de tous les lieux de l’infini le seul situé.