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C’est une douleur que l’on n’exprime pas. L’homme atteint de ce nocturne mal
Souffre, omniscient et muet, avec les pierres des fondements dans la moisissure des ténèbres.
Je sais bien que c’est Lui, Lui dont le nom secret est : le Séparé-de-Lui-même
Qui souffre en nous : et que lorsque sera enfin passée
La nuit sans fleurs et sans miroirs et sans harpes de cette vie, un chant
Vengeur, un chant de toutes les aurores de l’enfance
Se brisera en nous ainsi que le cristal immense du matin
Au cri des ailés, dans la vallée de rosée.
Eh oui, je le sais. Mais cette pauvre image de ta vie dans le solitaire avenir, cela
Je ne peux pas le supporter. C’est une véritable frayeur d’insecte en moi.
Un cri d’insecte au fond de moi
Sous les cendres du cœur.