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L’ANNEE…

L’année était du temps des souvenirs,
Le mois était de la lune des roses,
Les cœurs étaient de ceux qu’un rien console.

Près de la mer, des chants doux à mourir,
Dans le crépuscule aux paupières closes ;
Et puis, que sais-je ? Tambourins, paroles.

Cris de danse qui ne devaient finir,
Touchant désir adolescent qui n’ose
Et meurt en finale de barcarolle.

— T’en souvient-il, souvient-il, Souvenir ?
Au mois vague de la lune des roses.
Mais rien n’est resté de ce qui console.

Est-ce pour dormir, est-ce pour mourir
Que sur mes genoux ta tête repose
Avec la langueur de ses roses folles ?

L’ombre descend, la lune va mûrir.
La vie est riche de si douces choses,
Pleurs pour les yeux, rosée pour les corolles.