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L’ADEPTE

Chère enfant, par la grâce de la vue du milieu. Et puisque nous nous connaissons depuis sept ans, je te touche le front.


BÉATRIX

Adieu, espace, temps.


L’ADEPTE

Le clocher va bientôt sonner ses douze coups. Devant le cher fourneau, adorons à genoux.

(Silence.)

Ô divin Maître, souviens-toi qu’il est, même pour toi, une Hauteur. Implore, implore pour moi ta sainte épouse la Blancheur.

(Silence.)


Je regarde. Et que vois-je ? La pureté surnage, le blanc et le bleuté surnagent. L’esprit de jalousie, le maître de pollution, l’huile de rongement aveugle, lacrymale, plombée, dans la région basse est tombée. Lumière de l’or, charité, tu te délivres. Viens, épouse, venez, enfant, nous allons vivre !


BÉATRIX

Cher époux, prends garde ! Écoute, regarde. Il siffle encore, il rampe encore quelque chose d’atroce au fond. Penche-toi, sainte face. Je ne sais ce qui se passe : ce que tu fais, ils le défont. Ils sont légions, obscurité, masse, menace…


L’ADEPTE

Je n’en vois qu’un. Il danse en rond dans la rigueur du rouge et du jaune et du noir, tout au fond du muet