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la lumière. À ce blé de soleils. Avec quel bruissement de vision il coule dans le tamis de la pensée.


Immense, éternelle, effrayante Réalité. C’est toi, de toutes les possibilités, toi la plus extraordinaire. Car tu n’es pas en moi, et cependant je suis ton lieu ; je passerai, et tu demeureras ; et pourtant, nous deux, nous sommes inséparables ; mon amour t’embrasse, et c’est là ton unique borne, ô Illimité !


Et que serais-tu sans cette attestation intérieure, sans ce Oui en moi jeté comme un pont de montagne entre les deux massifs de nuit d’avant et d’après.


CHŒUR
(Un peu plus haut.)


La plus humble chose a sa vérité silencieuse.

Mais aux fils des artificieuses

Il faut de sacrilèges merveilles — nous le savons.

Et où est parmi vous celui qui ici même

Sur cette terre, goûte dans sa plénitude, la sainteté

Dont le ciel que nous respirons

Pénètre à tout instant votre pain, votre vin ?

Homme, homme, quel chemin tu as fait

Pour arriver à nous qui étions en toi.

(Ils pleurent.)


L’HOMME

Ô merveilleux, merveilleux

Penchés sur moi, car je sais, je sens