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Louis XI.


et qui, devenu cardinal et pape, avoit changé publiquement d’opinion comme d’intérêts ; homme assez fin pour tromper la finesse Sa finesse.même de Louis XI, vouloit, à quelque prix que ce fût, faire abolir la Pragmatique-Sanction. Il sut prendre ce prince par son faible, en flattant sa passion dominante, l’amour de l’autorité arbitraire. Il lui écrivit : Vous vous montrez un grand roi, qui ne laisse point gouverner, mais qui gouverne par lui-même. Vous ne voulez point mettre en délibération si l’on doit faire ce que vous savez devoir être fait, C’est là véritablement être roi et bon roi. En conséquence, il falloit bien abolir la Pragmatique sans prendre conseil et au mépris des vœux de toute la nation.

Le roi dupe le pape.Le roi étoit intéressé à maintenir cet ouvrage de son prédécesseur. Mais dans l’espérance de remettre la maison d’Anjou sur le trône de Naples, usurpé par Ferdinand d’Aragon, il sacrifia au pape une loi aussi précieuse à la France, qu’odieuse à la cour de Rome. Il eut beau insister ensuite sur les droits de la maison d’Anjou. Pie II soutenoit Ferdinand, et ayant obtenu ce qu’il souhaitoit, il ne marqua sa reconnoissance que par des éloges. La Pragmatique abolie s’exécute encore.Le parlement s’opposa avec vigueur à l’abolition de la Pragmatique, qu’on regardoit comme le rempart de l’église Gallicane. Louis XI lui permit de la faire exécuter