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Clovis.


faire chrétien, si le Dieu de Clotilde lui accordoit la victoire. Les deux armées se rencontrèrent à Tolbiac proche de Cologne. Le roi se vit au moment de perdre une bataille décisive. Il invoqua le vrai Dieu, rallia ses troupes, et mit en fuite les Allemands. Peu de temps après, il fut baptisé par S. Remi[1], et son exemple entraîna une grande partie de l’armée. On ne voit point que les Francs oient eu du zèle pour les dieux. Sans principes, sans dogmes, ne pensant qu’à vaincre et à conquérir, ils respectoient assez leur prince pour faire de ses sentimens la règle de leur croyance.

L’église triomphe de cette conversion.L’église gagna d’autant plus à cette conversion, que de tous les rois chrétiens, Clovis étoit presque le seul qui ne professât point l’arianisme. Les évêques dont il avoit déjà tiré de grands secours travaillèrent dès-lors plus que jamais à lui concilier les peuples. De-là ce pouvoir excessif qu’ils conservèrent long-temps dans le royaume, et l’influence qu’ils eurent dans les affaires de l’état.

  1. Hincmar, archevêque de Reims, au neuvième siècle, est le premier qui ait parlé de la Ste. Ampoule, ou de cette huile qu’un ange, disoit-on, avoit apportée au ciel pour le baptême de Clovis. Il faudroit assurément de meilleurs preuves pour constater un fait sur lequel le témoignage même des contemporains pourroit laisser quelque doute.