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Clovis.


le lui rendre ; car il ménageoit les églises, pour gagner et les évêques et le peuple. On alloit faire à Soissons le partage du butin. Les lots, selon la coutume des Francs, devoient se tirer au sort, même celui du prince qui n’avoit guère que l’autorité de général. Clovis témoigne que le vase lui feroit plaisir. Chacun s’empresse à le lui céder. Un soldat seul porte l’insolence jusqu’à décharger sur ce vase précieux un coup de francisque ou de hache d’armes, en s’écriant que la part du roi dépendroit du sort. Clovis dissimule sa colère, prend le vase, et l’envoie à S. Remi. Quelques mois après, faisant la revue de ses troupes, il reconnoît le brutal dont l’action l’avoit offensé. Sous prétexte que son armure n’est point en état, il lui arrache sa francisque et la jette à terre. Au moment que ce malheureux se baisse pour la relever : souviens-toi, dit-il, du vase de Soissons, et il lui fend la tête d’un coup. Selon Grégoire de Tours, il ne fit par là qu’augmenter le respect et la soumission des troupes. Ces barbares avoient peut-être besoin de pareils exemples ; mais l’exemple même tenoit de la barbarie des mœurs germaniques.

493.
Clovis épouse Clotilde.
Pour se ménager une alliance utile à ses intérêts, Clovis demanda en mariage Clotilde, nièce de Gondebaud, roi de Bourgogne, princesse chrétienne, qui saisit volontiers l’occasion de s’éloigner d’un oncle