Page:Millot - Eléments de l histoire de France, édition 1801, tome 1.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
Introduction.


de jurisdiction, un nouveau système de gouvernement. La puissance temporelle s’affoiblissoit de jour en jour dans les mains des empereurs. La puissance spirituelle croissoit à proportion dans celles du clergé. D’une part, l’empire tomboit en ruine, sous les coups d’une infinité de barbares ; de l’autre, les peuples écrasés de maux cherchoient un refuge au sein de la religion, et s’abandonnoient à ses ministres. Ceux-ci étoient hommes, ils acquéroient des richesses, ils augmentoient leur crédit ; les lumières se dissipoient, les préjugés naissoient en foule, et les passions jointes à l’ignorance altéroient le christianisme. il falloit, ou que les évêques fussent des saints et les princes de grands hommes, ou que l’autorité ecclésiastique produisit une révolution dans la société civile. Les premiers siècles de la monarchie françoise offrent un mélange bizarre du sacré avec le profane, qui ne peut s’expliquer que par la force des erreurs superstitieuses dont la nation entière fut infectée, sans que le clergé pût lui-même s’en garantir. La religion fit toujours de très grands biens ; mais les abus qu’on y glissa firent de très grands maux ; et c’est malheureusement un des principaux objets de l’histoire.