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Introduction.


primauté du saint siège, quoique reconnue, laissoit le gouvernement libre aux évêques. Pleins de respect pour le souverain pontife, ils le consultèrent d’abord, et reçurent enfin ses ordres. Ainsi Innocent I, consulté par un évêque de Rouen, lui envoya treize articles, pour servir de règle à tous les prélats. Le plus remarquable de ces articles porte, que les différens entre les clercs soient jugés par les évêques de la province, selon le concile de Nicée, sans préjudice néanmoins de l’église romaine et du respect qui lui est dû dans toutes les causes. Ainsi S. Léon, après avoir cassé quelques jugemens de S. Hilaire d’Arles, le trouvant peu soumis à ses volontés, obtint de Valentinien III une constitution, par laquelle cet empereur ordonne « Que les évêques des Gaules, ni ceux des autres provinces, ne puissent rien innover contre l’ancienne coutume, sans l’autorité du pape de Rome[1], mais que tout ce que le saint siège a décerné ou décerna, soit une loi pour eux tous ; en sorte que, si un évêque cité par l’évêque de Rome, refuse de comparoître à son tribunal, il y soit contraint par le gouvernement de la province ».

Bornes de la juridiction ecclésiastique.Plusieurs années auparavant, Gratien, empereur sage et pieux, avoit au contraire

  1. Le nom de pape, qui signifie père, étoit commun à tous les évêques.