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préface.


de tous les biens. L’église ne gémiroit pas aujourd’hui de ces horreurs, si l’ignorance ne les avoit pas multipliées et consacrées. Le devoir de l’historien est de dire la vérité sans foiblesse ; il doit même la dire toute entière, selon la maxime de Fleuri (IV. disc. 13.). On la trahit quand on la déguise ; on l’outrage quand on la suppose dangereuse.

C’est un malheur pour quiconque s’engage dans cette carrière, d’avoir sans cesse à combattre des préjugés de corps, d’état, de secte, de nation ; des intérêts étrangers, et même ses propres intérêts, ses propres penchans. Sûr de déplaire à tous les partis s’il n’en flatte aucun, il trouvera partout quelques censeurs. Sa liberté paroîtra aux uns témérité ; son impartialité paroîtra injustice aux autres ; sa modération choquera les esprits ardens et enthousiastes ; sa candeurs irritera les âmes doubles et faussement politiques. Mais le plus grand mal seroit de prostituer sa plume au mensonge. D’ailleurs, la vérité ne peut nuire sans doute à la vraie religion ; sous un gouvernement sage, elle s’accordera aisément avec les lois ; et le public est trop éclairé pour que l’esprit de parti préside à ses jugemens.

Telles sont les règles que je me suis proposé

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