Page:Millot - Eléments de l histoire de France, édition 1801, tome 1.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
préface.


avec autant d’énergie que de droiture. Osons le dire, l’intérêt même de la religion demande que les hommes sachent l’abus qu’on en peut faire. Les prémunir contre la superstition et le fanatisme, c’est les attacher à la pureté de son culte et de sa morale.

En effet, on n’auroit pas vu tant de mauvais chrétiens du temps des croisades, si les chrétiens avoient été instruits que la guerre sainte, loin de conduire infailliblement au salut, pouvoit entraîner aux désordres les plus damnables, et ruiner les mœurs comme les états. Des milliers de victimes humaines n’auroient pas été massacrées pour les disputes de religion, si l’on avoit su qu’un zèle persécuteur et sanguinaire ne pouvoit se concilier avec l’esprit de l’évangile. Toute l’Europe n’auroit pas été en combustion pendant plusieurs siècles, si l’on avoit su qu’un zèle persécuteur et sanguinaire ne pouvoit se concilier avec l’esprit de l’évangile. Toute l’Europe n’auroit pas été en combustion pendant plusieurs siècles, si l’on avoit connu les limites de la puissance spirituelle, qui renversoit les trônes, armoit les peuples contre les rois, et portoit le trouble dans la société où elle devoit cimenter l’union et la concorde. De funestes schismes n’auroient pas excité des haines irréconciliables, si l’on avoit appris de S. Paul à tout éprouver pour retenir ce qui est bon, et à conserver la paix comme le plus précieux