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Du riche ayant payé la dette,
Tu reviens, las de guerroyer ;
Mais la mort, hôtesse muette,
S'est assise au pauvre foyer.
Ta mère n'est plus et ton père
Gît sur une paille en fumier ;
Bientôt il meurt.
Pour qu'on l'enterre.
Tu donnes ton écu dernier.

Travaille, travaille, travaille !
Loin du soleil qui luit si beau,
Travaille, travaille, travaille !
Dans la mine, sombre tombeau.

Doux miracle de la jeunesse !
L'amour a fait battre ton cœur.
Et, même au sein de la détresse,
Il te fait rêver au bonheur.
Hàte-loi, prends une compagne.
Soi heureux avant de mourir.
Car le mal du mineur te gagne...
Il ne fait pas longtemps souffrir.

Travaille, travaille, travaille !
Loin du soleil qui luit si beau.
Travaille, travaille, travaille !
Dans la mine, sombre tombeau.

Mars 1851.


L’atténuation de la misère, tel est le grave et urgent problème auquel s’attachent avec passion tous les socialistes. Evidemment, l’inégalité actuelle dans la répartition des richesses et des joies de la vie est excessive et intolérable. Une société dans laquelle on voit, à côté de nombreux fainéants qui s’amusent, de courageux travailleurs réduits à mourir de faim, n’est pas une société bien organisée. Félix Milliet se lit l’écho des revendications ouvrières :


LA FAIM

Du pain, du pain !
Voilà le refrain
Que chante la faim.
Vive le pain !

Rois de notre république,
Occupez-vous un peu moins
De la grande politique,
Un peu plus de nos besoins.
Du pain, du pain, etc.

Chefs de sectes et d'écoles,
Ce travers vous est commun
De n'avoir que des paroles
Pour les estomacs à jeun.

La jalousie inféconde
N'excite pas nos désirs,
Gardez, ô puissants du monde,
Votre luxe et vos plaisirs.

Et cependant, quand la fête
Vous enivre de ses bruits,
Sur l'aile de la tempête
La faim entre en nos réduits.