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Sa longue rêverie et ses pensers profonds :
Foulant aux pieds les biens que le vulgaire adore,
Que leur préfere-t-il ? un rayon de l’aurore.

Fier de s’appartenir, le mortel studieux,
Des bois inspirateurs ami silencieux,
N’ira point, s’arrachant à ses loisirs utiles,
User son avenir en des cercles futiles.
Le front ceint des lauriers qu’il venoit de cueillir,
Des préaux dans Auteuil alloit se recueillir :
Au fond de ces berceaux, assis près de Molière,
Il confioit ses chants à l’ombre hospitalière :
Et, d’un éclat menteur trop long-temps éblouis.
Ses yeux se reposoient du faste de Louis.

L’ami des doux loisirs, dans l’humble solitude,
Amasse lentement les trésors de l’étude ;
Et, préparant de loin ses destins éclatants,
Épure ses travaux dans le creuset du temps.
Comme il méprise alors tant de vils adversaires,