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De l’austère équité sa main tient la balance ;
Son esprit vigilant étudie en silence,
Apprend le cœur humain, cherche à le définir,
Et des maux du passé préserve l’avenir.
Seul au sein de la foule, et dégagé d’entraves,
Il élève un front libre au milieu des esclaves.
L’air impur des cités ne corrompt point ses mœurs :
Étranger aux partis et sourd à leurs clameurs,
D’un tardif repentir s’épargnant l’amertume,
Il ne profane point la candeur de sa plume ;
On ne le verra point, au prix de ses vertus,
Acheter les faveurs de l’aveugle Plutus.

Rousseau, doué d’une âme indépendante et fiere ?
Transfuge des châteaux, revole à sa chaumière :
Les honneurs, les trésors en vain lui sont offerts ;
Pour lui des fers brillants n’en sont pas moins des fers.
De l’orgueilleux bienfait il repousse l’outrage :
Il fuit, enveloppé de sa vertu sauvage ;
Il porte au sein des bois, sur la cime des monts,