Page:Millevoye - Goffin, 1812.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Du fer qui les meurtrit ses mains sentent l’outrage ;
Son fils baise ses mains, en lui disant : courage !
Quand un bruit plus sonore, éclatant sous le fer,
Annonce tout-à-coup les approches de l’air :
À ce bruit imprévu la troupe se ranime ;
Tous les bras à-la-fois veulent percer l’abîme ;
Il s’ouvre.... ô désespoir ! c’est le jour qu’on attend,
C’est la mort que l’on voit, la mort que l’on entend.
L’air embrasé frémit, se précipite et tonne ;
Du phosphore azuré la flamme tourbillonne :
Tous reculent d’horreur ; et leur dernier flambeau
Les plonge, en s’éteignant, dans la nuit du tombeau.

« Amis, disait Goffin, à ce péril funeste
« Essayons d’opposer la force qui nous reste.
« Si nul effort humain ne nous peut secourir,
« Nous reviendrons ici nous étendre et mourir. »
Il disait ; mais sa voix n’était pas écoutée :
« Retire-toi, criait la foule épouvantée ;
« Ne nous impose pas des tourmens superflus.
« Sans toi depuis long-temps nous ne souffririons plus. »
Ils osent, les ingrats ! dans leur aveugle rage,
Prodiguer à Goffin la menace et l’outrage !
Que dis-je ? sur sa tête ils sont prêts à lever