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Variantes des Élégies.

Elle sourit, et ces tendres écrits,
Jadis rendus, sont maintenant repris.
Plaisirs trop courts ! voici l’heure funeste
De nous quitter… Elle fuit… et je reste !…
Se dire adieu, mais sans se séparer,
Dire vingt fois : Je pars ! et demeurer,
De deux amants c’est l’heureuse habitude.
Paris entier vaut-il leur solitude ?
« Ah ! reste encor !… »
D’un pas furtif, elle sort sans témoin.
Ma bouche encor lui dit adieu de loin.
Je rentre, et seul, goûtant ma rêverie,
Je vois toujours son image chérie.
J’aime toucher à tout ce qu’elle toucha…
Mon cœur troublé me dit : « Elle était là ! »
Je crois, dans l’air qu’avec transport j’aspire,
Respirer l’air que sa bouche respire ;
Partout c’est elle, et mes regards contents
Sur chaque objet restent fixés longtemps.
Avec délire et d’une lèvre avide,
Je presse encor sa coupe déjà vide.
Le Souvenir, au Bonheur, dut le jour ;
L’Illusion est la sœur de l’Amour.
O volupté, pourquoi fuis-tu si vite.
Et sur le temps n’as-tu plus de pouvoir ?
J’ai vu Florine… A peine elle me quitte…
Amour ! dis-moi quand je dois la revoir ?


LA CHUTE DES FEUILLES


Cette pièce, qui avait obtenu le prix de l’Élégie, à l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse, en 1811, a été imprimée avec des changements successifs, dans trois ou quatre versions différentes. Voici la version primitive :

De la dépouille de nos bois
L’automne avait jonché la terre ;