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VARIANTES
L’ANNIVERSAIRE

Cette élégie est tellement différente dans les notes du poème de l’Amour maternel, où elle parut pour la première fois en 1806, que nous croyons nécessaire de reproduire en totalité le texte primitif.

Dix ans sont écoulés !… Je revois la journée
Où lame de mon père aux cieux est retournée.
Jour au deuil consacré ! jour triste ! jour fatal !…
De noir cyprès, pour toi, je vais ceindre ma tête,
Et de son hymne filial
Ma pieuse douleur va saluer ta fête.

L’heure sonne : j’écoute… O souvenir cruel !
Quand cette heure sonna, je n’avais plus de père :
Il s’était endormi du sommeil éternel…
Et je baignais de pleurs les genoux de ma mère.
Je répétais souvent : « Il n’est donc plus d’espoir !
Je ne pourrai donc plus l’entendre ni le voir ! »
Mais du lugubre airain lorsque la voix sacrée •
Annonça qu’un mortel avait quitté le jour,
Chaque son retentit dans mon âme navrée.
Tout venait m’avertir du départ sans retour ;
Tout ce qui m’entourait me racontait ma perte :
Quand la nuit dans les airs jeta son crêpe noir,
Mon père à ses côtés ne me fit plus asseoir,
Et j’attendis en vain, à sa place déserte,
Une tendre caresse et le baiser du soir.