Page:Mille - Anthologie des humoristes français contemporains, 1920.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
ANTHOLOGIE DES HUMORISTES

LE COCHON

Car tout est bon en toi, chair, graisse, muscle, tripe !
On t’aime galantine, on t’adore boudin.
Ton pied, dont une sainte a consacré le type,
Empruntant son arôme au sol périgourdin,

Eût réconcilié Socrate avec Xantippe.
Ton filet, qu’embellit le cornichon badin,
Forme le déjeuner de l’humble citadin ;
Et tu passes avant l’oie au frère Philippe.

Mérites précieux et de tous reconnus !
Morceaux marqués d’avance, innombrables, charnus ;
Philosophe indolent, qui mange et que l’on mange !

Comme, dans notre orgueil, nous sommes bien venus
À vouloir, n’est-ce pas, te reprocher ta fange ?
Adorable cochon, animal roi, — cher ange !

(Poésies complètes ; E. Dentu édit.)

LE DÎNER QUE JE VEUX FAIRE

Le dîner que je veux faire,
Avec toi je le ferai
Sous la treille verte et claire,
Un des derniers jours de mai.

Je te sais Parisienne,
Nous n’irons pas loin d’ici :
Nous choisirons Louvecienne,
Sèvres, ou Montmorency.

À l’auberge où se balance
Un lion tout en cheveux