tous les jours ; il cognait sur le bois pour voir s’il était sec.
Pendant ce temps l’armée avançait toujours, si bien qu’on occupa Nuremberg en Allemagne, ville où l’on travaille le bois dans la perfection.
Au bout de trois jours, le chirurgien fait venir Dubois :
« Dubois, mon ami, m’entends-tu ? »
Dubois fait signe que non.
« Dubois, mon ami, me vois-tu ? »
Dubois cligne de l’œil et fait oui avec sa bûche.
« C’est aujourd’hui que tu vas être beau garçon ! Le bois de ta tête est sec. J’ai trouvé un sculpteur qui va te sculpter une figure un peu ficelée ! On va te percer deux bons trous pour que tu entendes, et un mécanicien va te poser une mécanique pour parler, avec une mâchoire à vis pour manger !… »
… Pendant quinze jours le sculpteur sculpta la tête de Dubois, qui avait, comme vous pouvez penser, une migraine de tous les diables. Enfin le quinzième jour la tête était achevée, et Dubois, mourant d’impatience, vit que ça prenait tournure. On lui perça dans le creux de chaque oreille deux bons trous correspondant à l’estomac, de sorte qu’il commença d’entendre parfaitement. Alors vint le mécanicien, qui lui fit deux traits de scie à partir des coins de la bouche et détacha la mâchoire inférieure, qu’il emporta chez lui.
Dubois était déjà un peu inquiet, lorsque le mécanicien revint. Il avait adapté à la mâchoire d’en bas une langue en peau de daim et, en dessous, une vis qui traversait la margoulette et allait serrer le palais : il suffisait de mettre une noisette ou autre chose entre la vis et le palais, puis à tourner la vis, et clac ! la noisette volait en éclats, il n’y avait plus qu’à avaler.