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LA COMTESSE, se levant.

Quel ton singulier, comme vous me dites cela ; il y a d’ailleurs depuis ce matin dans votre air, dans vos paroles, quelque chose d’étrange, d’inquiet.

LE COMTE, descendant.

Mais non, vous vous trompez. (S’approchant.) Tu te trompes.

LA COMTESSE.

Vous devriez être heureux cependant de rentrer dans le duché de Parme, de revoir le château de Castelardo où vous êtes né, et où vous n’êtes pas revenu depuis quinze ans.

LE COMTE, soucieux.

Oui, Castelardo, le château de Castelardo. Ah !quel souvenir pour moi ; j’avais sept ans, quand nous en avons été arrachés mon père et moi, jetés dans une voiture, et condamnés à un exil éternel sur les ordres de cet absurde archiduc Ernest, ce fou couronné. Oh ! je comptais bien n’y jamais revenir.

LA COMTESSE.

Alors, pourquoi y revenons-nous ?

LE COMTE, embarrassé.

Parce que…

LA COMTESSE.

Parce qu’il y a quelque chose que vous me cachez. Oh ! j’ai tout deviné, cette lettre mystérieuse qui vous a été remise le lendemain de notre mariage, et aussitôt notre départ précipité.

LE COMTE.

Eh bien oui, cette lettre se rattache à une disposition du testament de mon père, une dernière volonté à remplir, c’est l’affaire de quelques jours.

LA COMTESSE, s’asseyant.

Tu ne me dis pas tout.