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ACTE DEUXIÈME
II
RÉNÉ.
–––––––Et pourtant, si tu voulais
–––––––Tu serais plus que la reine,
–––––––Je croyais que tu m’aimais.
–––––––En pleurant, je me soumets
–––––––À ton caprice, à ta haine,
–––––––Tes lèvres m’ont dit : jamais !
–––––––Sois heureuse, désormais,
–––––––Moi, je mourrai de ma peine,
–––––––Je croyais que tu m’aimais,
–––––––Tes lèvres m’ont dit : jamais !

Frontignac embrasse Antoinette sur le front.

ANTOINETTE, se levant.

Voyons, mon ami, devant Réné…

RÉNÉ.

Oh ! je vous en prie, ne vous gênez pas pour moi.

FRONTIGNAC.

Ah ! tu vois.

Il l’embrasse.

RÉNÉ.

Moi, l’auteur de votre bonheur, n’ai-je pas le droit d’en être le témoin ?

ANTOINETTE.

C’est vrai, l’auteur de notre bonheur, mais à quel prix !

FRONTIGNAC.

Oui, à quel prix ? à l’aide de ce mensonge, de cette fausse lettre, je la vois encore : « Je ne veux faire le malheur de personne, que Frontignac épouse Antoinette, bénis-les pour moi. » C’est écrit, c’est écrit.

ANTOINETTE.

Et, cette supercherie, vous ne nous l’avez révélée que le lendemain du mariage.