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LA CRÉOLE
- L’escadre est maintenant en route,
- En cet instant, elle quitte le port.
FRONTIGNAC, qui est remonté, regarde à gauche.
- C’est vrai, nous la voyons encor.
CHŒUR, même jeu.
- C’est vrai, nous la voyons encor.
RÉNÉ, descendant sur le devant de la scène.
(Parlé.) Lisons vite. (À voix basse.) « L’amiral me retient de force, nous partons ; mariez-vous sans moi, soyez heureux. Ci-joint la donation. »
Regardant Frontignac et Antoinette.
- Pauvres enfants, quelle douleur !
- Comment empêcher leur malheur ?
- Quelle idée !
Il pousse un cri, tout le monde descend.
- Ah ! grand Dieu ! qu’ai-je lu ?
TOUS.
- Qu’a-t-il lu ? qu’a-t-il lu ?
ANTOINETTE, à Réné.
- Hélas ! comme vous êtes ému !
CHŒUR.
- Qu’a-t-il lu ? qu’a-t-il lu ?
RÉNÉ.
- Si vous saviez, non, écoutez plutôt,
- Je vais lire tout haut.
(Il lit.) « Nous partons, et je vous envoie mes dernières instructions ; depuis un quart d’heure, j’ai beaucoup réfléchi. Frontignac et Antoinette s’aiment, Réné ne veut pas se marier, je ne veux faire le malheur de personne ; je renonce à mes projets, qu’Antoinette et Frontignac se marient puisqu’ils s’aiment, et qu’ils soient heureux. Je charge Réné de les unir et de leur donner ma bénédiction. Signé : Adhémar de Feuillemorte. »