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LA CRÉOLE
RÉNÉ, étonné.
Hein !
ANTOINETTE.
Mon ami !
FRONTIGNAC.
Antoinette, perfide Antoinette !
RÉNÉ.
Mon ami, perfide Antoinette ! Ah ! je devine. (À Antoinette.) Vous ne m’aimez pas, vous ne pouvez pas m’aimer, parce que c’est lui…
ANTOINETTE.
Eh bien, oui !
FRONTIGNAC.
Oui, c’est moi qu’on repousse parce que tu es là, parce que tu es militaire, noble, et que je ne suis, moi, qu’un petit avocat à trois quartiers.
RÉNÉ.
Ah ! mon ami, comme je suis désolé.
FRONTIGNAC.
Il faut refuser ce mariage, si tu es mon ami.
ANTOINETTE.
Il faut parler à votre oncle.
FRONTIGNAC.
C’est cela, parle au commandant, toi.
ANTOINETTE.
Dites-lui que vous ne voulez pas m’épouser, que vous me trouvez laide, sotte… insupportable.
RÉNÉ.
Jamais je ne dirai cela !
ANTOINETTE.
Si, je vous en prie, par amitié pour moi, dites-le, je vous en prie.
RÉNÉ.
Mais il va me déshériter, mon oncle, et me maudire.