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ACTE PREMIER

ROMANCE.
I
––––––Notre nom est connu partout
––––––Pour sa bravoure et son audace,
––––––C’est un arbre d’antique race
––––––Dont le tronc est resté debout.
––––––Mon devoir est de faire en sorte
––––––De maintenir ce nom si grand,
––––––Mon père m’a dit en mourant :
––Ne laisse pas tomber, tomber les Feuillemorte.
II
––––––Pour perpétuer mes aïeux,
––––––Pour prendre femme et faire souche,
––––––Pour ce rôle qui m’effarouche,
––––––Je sais bien que je suis trop vieux ;
––––––Mais mon nom, mon neveu le porte,
––––––Et je le marie en ce jour,
––––––Et je vais lui dire à mon tour :
––Ne laisse pas tomber, tomber les Feuillemorte.
FRONTIGNAC.

Vous me désespérez.

LE COMMANDANT.

Et puis, Antoinette, c’est une perfection. Or, c’est un fieffé mauvais sujet que mon neveu Réné… m’en a-t-il joué de ces tours, en France et aux colonies !… aux colonies surtout !… il paraît que là-bas toutes les créoles… un vrai petit diable… tout à fait son oncle d’ailleurs, tout à fait son coquin d’oncle.

FRONTIGNAC.

Voilà un beau mari pour Antoinette.

LE COMMANDANT.

Antoinette est si gentille, si adorable ! Jamais, jamais je ne trouverai mieux pour Réné.