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savante, plus les arrangements pour se procurer les mains et les têtes les plus capables de le faire marcher seraient ingénieux… plus le mal serait grand.

En Angleterre, on a proposé dernièrement de choisir tous les membres du service civil du gouvernement d’après un concours, afin d’obtenir pour ces emplois les personnes les plus intelligentes et les plus instruites qu’on puisse se procurer ; et on a beaucoup dit et beaucoup écrit pour et contre cette proposition. Un des arguments sur lesquels ses adversaires ont le plus appuyé, c’est que la position d’employé à vie de l’État n’offre pas une perspective suffisante d’émoluments et d’importance pour attirer les talents les plus élevés, qui trouveront toujours à mieux faire leur chemin, soit dans les professions libérales, soit au service des compagnies ou des autres corps publics. On n’aurait pas été surpris que cet argument vînt des partisans de la proposition comme une réponse à sa difficulté principale. Il est assez étrange qu’elle vienne des adversaires. Ce qu’on avance comme une objection est la soupape de sûreté du système en question. Vraiment, si le gouvernement pouvait attirer à son service tous les talents élevés du pays, une proposition tendant à amener ce résultat serait bien faite pour inspirer de l’inquiétude. Si toute cette besogne d’une société qui exige une organisation concertée, des vues larges et compréhensives, était