Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/289

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’intérêt des enfants était tout et celui des grandes personnes rien.

J’ai déjà observé que grâce à l’absence de principes généraux reconnus, la liberté est souvent accordée là où elle devrait être refusée, et vice versa ; et un des cas où le sentiment de la liberté est le plus fort dans le monde Européen moderne, est un cas où selon moi il est totalement déplacé. Une personne doit être libre de faire ce qui lui plaît pour ses propres affaires ; mais elle ne doit pas être libre de faire ce qui lui plaît lorsqu’elle agit pour un autre, sous prétexte que les affaires de cet autre sont les siennes propres. L’État, tandis qu’il respecte la liberté de chaque individu dans ce qui ne regarde que cet individu, est obligé de surveiller avec soin la façon dont il use du pouvoir qui lui est accordé sur d’autres individus. Cette obligation est presque complétement négligée dans le cas des relations de famille ; un cas qui, vu son influence directe sur le bonheur humain, est plus important que tous les autres mis ensemble. Il n’y a pas besoin d’insister ici sur le pouvoir presque despotique des maris sur leurs femmes, parce qu’il ne faudrait rien de plus pour détruire complétement ce mal que d’accorder aux femmes les mêmes droits et la même protection de la part de la loi qu’à toute autre personne, et puis parce que sur ce sujet les défenseurs de l’injustice établie ne se servent pas de l’excuse de la