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d’un homme prouve que ce qu’il choisit ainsi est désirable, ou tout au moins supportable pour lui, et après tout on ne peut assurer mieux son bonheur qu’en lui permettant de le chercher où il le trouve. Mais en se vendant comme esclave un homme abdique sa liberté, il abandonne tout usage futur de cette liberté après cet acte unique. Donc il détruit dans son propre cas la raison pour laquelle on le laissait libre de disposer de lui-même. Il n’est plus libre, et au lieu de cela il est dès lors dans une position où l’on ne peut plus présumer qu’il demeure volontairement. Le principe de liberté ne peut pas exiger qu’il soit libre de n’être pas libre. Ce n’est pas liberté que de pouvoir renoncer à sa liberté. Ces raisons dont la force paraît si bien dans ce cas particulier, peuvent évidemment s’appliquer dans beaucoup d’autres cas ; cependant elles rencontrent partout des bornes, car les nécessités de la vie exigent continuellement, non pas que nous renoncions à notre liberté, mais que nous consentions à la voir limiter de telle ou telle façon. Le principe qui demande la liberté d’action la plus complète pour tout ce qui ne touche que les agents, exige que ceux qui se sont engagés envers une autre personne pour des choses n’intéressant aucun tiers, puissent se dégager l’un l’autre ; et même sans cette libération volontaire il n’y a peut-être pas de contrats ou d’engagements, à moins que ce ne soit à propos d’argent, dont on