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quelque nombre que ce soit d’individus, de régler par une convention mutuelle des choses qui les regardent tous conjointement et qui n’en regardent pas d’autres. La question ne présente pas de difficulté aussi longtemps que la volonté des personnes intéressées reste la même ; mais comme cette volonté peut changer, il est souvent nécessaire, même dans des choses qui ne concernent uniquement que ces personnes, qu’elles prennent des engagements vis-à-vis les unes les autres ; et ceci étant fait, il est convenable comme règle générale que ces engagements soient tenus. Néanmoins il est probable que dans les lois de chaque pays cette règle générale a quelques exceptions. Non-seulement les gens ne sont pas tenus de remplir des engagements qui violent les droits d’un tiers, mais on regarde quelquefois comme une raison suffisante pour les relever d’un engagement, qu’il leur soit nuisible. Par exemple, dans notre pays et dans la plupart des pays civilisés, un engagement par lequel une personne se vendrait ou consentirait à être vendue comme esclave serait nul et sans valeur ; ni la loi, ni l’opinion ne l’imposerait. Le motif qu’on a pour borner ainsi le pouvoir d’un individu sur lui-même est apparent, et on le voit très-clairement dans ce cas extrême. La raison pour laquelle on ne se mêle pas (à moins que ce ne soit au profit des autres) des actions volontaires d’une personne, c’est la considération qu’on a pour sa liberté. Le choix volontaire