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ici. Il est des cas de conduite personnelle tenus pour blâmables, mais que le respect de la liberté empêche la société de prévenir ou de punir, parce que le mal qui en résulte directement retombe tout entier sur l’agent. Doit-on laisser à d’autres personnes la liberté de conseiller ou d’entraîner à faire ce que fait librement l’agent ? La question n’est pas sans difficulté. Le cas d’une personne qui en sollicite une autre à faire un acte, n’est pas, à strictement parler, un cas de conduite personnelle. Donner des conseils ou offrir des tentations à quelqu’un, est un acte social et peut par conséquent, ainsi que toute action en général qui touche les autres, être regardé comme soumis au contrôle social. Mais un peu de réflexion corrige la première impression, en démontrant que si le cas n’est pas strictement compris dans la définition de la liberté individuelle, néanmoins on peut lui appliquer les raisons sur lesquelles se fonde le principe de cette liberté. Si l’on doit permettre aux gens, dans ce qui ne touche qu’eux-mêmes, de faire ce qui leur paraît le mieux à leurs risques et périls, ils doivent être également libres de se consulter l’un l’autre sur ce qu’il est convenable pour eux de faire, d’échanger des opinions, de donner et de recevoir des suggestions. On doit pouvoir conseiller tout ce qu’il est permis de faire. La question n’est douteuse que si l’instigateur tire un profit personnel de son conseil,