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sont la loi du Maine, à laquelle on a déjà fait allusion, la prohibition de l’importation de l’opium en Chine, la restriction apportée à la vente des poisons, et en somme tous les cas où l’objet de l’intervention est de rendre le commerce de certaines denrées difficile ou impossible. Ces interventions sont répréhensibles comme étant des empiétements, non pas sur la liberté du producteur ou du vendeur, mais sur celle de l’acheteur.

Un de ces exemples, la vente des poisons, ouvre une nouvelle question, celle des limites convenables de ce qu’on peut appeler les fonctions de police ; il s’agit de savoir jusqu’à quel point on peut légitimement empiéter sur la liberté, pour empêcher des crimes ou des accidents. C’est une des fonctions incontestées du gouvernement de prendre des précautions contre le crime avant qu’il ait été commis, aussi bien que de le découvrir et de le punir une fois commis. Cependant on peut abuser beaucoup plus facilement, au préjudice de la liberté, de la fonction préventive du gouvernement que de la fonction qui consiste à punir : car il est à peine une portion de la liberté légitime d’action d’un être humain qui ne puisse être représentée, et à bon droit, comme augmentant les facilités de commettre un délit quelconque. Néanmoins, si une autorité publique ou même un simple particulier voyent une personne se préparer évidemment à commettre un crime, ils ne