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échange qui repose sur des bases non moins solides mais autres que le principe de liberté individuelle proclamé dans cet essai. Les restrictions apportées au commerce ou à la production dans des vues de commerce sont à vrai dire des contraintes ; et toute contrainte, en tant que contrainte, est un mal : mais les contraintes en question touchent seulement à cette partie de la conduite humaine que la société a le droit de contraindre, et elles n’ont d’autre tort que celui de ne pas produire les résultats qu’on en attendait. Le principe de la liberté individuelle n’étant pas engagé dans la doctrine du libre échange, ne l’est pas davantage dans la plupart des questions qui s’élèvent au sujet des limites de cette doctrine : par exemple lorsqu’il s’agit de savoir quelle somme de contrôle public est admissible pour empêcher la fraude par falsification, ou jusqu’à quel point on doit imposer aux maîtres des précautions sanitaires ou des arrangements pour protéger les ouvriers employés à des occupations dangereuses. De telles questions ne comprennent des considérations de liberté qu’en ce sens qu’il vaut toujours mieux laisser les gens à eux-mêmes, cæteris paribus, que de les contrôler ; mais il est incontestable en principe qu’ils peuvent être légitimement contrôlés pour de semblables fins. D’un autre côté il y a des questions relatives à l’intervention publique dans le commerce qui sont essentiellement des questions de liberté : telles