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qu’elle se sent appelée à accorder quelque attention au phénomène remarquable du Mormonisme. On pourrait en dire fort long sur ce fait inattendu et instructif qu’une prétendue révélation et une religion reposant sur cette base (c’est-à-dire le fruit d’une imposture palpable et qui n’est pas même soutenue par le prestige d’aucune qualité extraordinaire chez son fondateur) est un objet de croyance pour des multitudes et a été le fondement d’une société, dans le siècle des journaux, des chemins de fer et du télégraphe électrique. Ce qui nous touche ici, c’est que cette religion, comme beaucoup d’autres et de meilleures, a ses martyrs ; c’est que son prophète et son fondateur fut mis à mort dans une émeute à cause de sa doctrine, et que plusieurs de ses partisans perdirent la vie de la même façon ; c’est que leur secte fut expulsée du pays où elle avait pris naissance, et que maintenant, lorsqu’on l’a chassée dans une retraite solitaire, au milieu d’un désert, beaucoup d’Anglais déclarent ouvertement qu’il serait bien (seulement ce ne serait pas commode) d’envoyer une expédition contre les Mormons, et de les obliger de force à se conformer à d’autres opinions. La polygamie adoptée par les Mormons est la cause principale de cette antipathie contre leurs doctrines, qui viole ainsi les lois de la tolérance religieuse ; la polygamie, quoique permise aux Mahométans, aux Hindous, aux Chinois,