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une rémunération plus considérable pour de meilleurs services. Si le public a la moindre juridiction sur les intérêts privés, je ne vois pas en quoi ces gens sont en faute, ni pourquoi le public particulier d’un individu peut être à blâmer lorsqu’il revendique la même autorité sur sa conduite individuelle, que revendique le public en général, sur les individus en général.

Mais sans nous arrêter à des suppositions, on empiète grossièrement de nos jours sur le domaine de la liberté privée. On menace de le faire encore plus avec quelque chance de succès, et on propose des opinions qui revendiquent le droit illimité pour le public de défendre par la loi non-seulement tout ce qu’il trouve mal, mais encore, afin d’atteindre sûrement ce qu’il trouve mal, toute espèce de choses qu’il reconnaît pour innocentes.

Sous prétexte d’empêcher l’intempérance, on a interdit par la loi à toute une colonie anglaise et à presque la moitié des États-Unis de se servir des boissons fermentées autrement que pour la médecine ; car de fait, en défendre la vente, c’est en défendre l’usage ; du reste on l’entendait bien ainsi. Et quoique l’impossibilité d’exécuter la loi l’ait fait abandonner par plusieurs des États qui l’avaient adoptée, y compris celui qui lui a donné son nom, une tentative a cependant été faite et continue d’être renouvelée avec grand zèle par beaucoup de nos