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Si l’on veut se rapprocher un peu plus de nous, la majorité des Espagnols regarde comme une impiété grossière et comme l’offense la plus grave envers l’Être suprême de lui rendre un autre culte que celui des catholiques romains, et il n’y a pas d’autre culte public qui soit permis sur le sol espagnol. Pour tous les peuples de l’Europe méridionale, un clergé marié est non-seulement irréligieux mais impudique, indécent, grossier, dégoûtant. Que pensent les protestants de ces sentiments parfaitement sincères et des tentatives faites pour les appliquer en toute rigueur à ceux qui ne sont pas catholiques ?

Cependant si les hommes sont autorisés à troubler mutuellement leur liberté dans des choses qui ne touchent pas les intérêts d’autrui, d’après quels principes peut-on logiquement exclure ces cas d’intolérance ? Ou qui peut blâmer des gens pour vouloir détruire ce qu’ils regardent comme un scandale devant Dieu et devant les hommes ? On ne peut avoir de meilleures raisons pour défendre ce qu’on regarde comme une immoralité personnelle, que n’en ont pour supprimer ces coutumes ceux qui les regardent comme des impiétés ; et à moins que nous ne veuillons adopter la logique des persécuteurs, et dire que nous pouvons persécuter les autres parce que nous avons raison, et qu’ils ne doivent pas nous persécuter parce qu’ils ont tort, il faut bien nous garder d’admettre un principe dont