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d’autrui, sans être contraint par quelque devoir plus impérieux, ou justifiable par quelqu’inclination permise, mérite la désapprobation morale pour ce manquement, mais non pour la cause du manquement, non pour les erreurs purement personnelles qui peuvent l’y avoir originairement conduit. De même, si une personne par une conduite purement égoïste, se rend incapable d’accomplir quelque obligation envers le public, elle est coupable d’une offense sociale. Personne ne devrait être puni uniquement pour être ivre, mais un soldat ou un homme de police doivent être punis s’ils sont ivres étant de garde. En somme, partout où il y a pour un individu ou pour le public un tort défini ou le danger défini d’un tort, le cas n’appartient plus au domaine de la liberté, et passe à celui de la moralité ou de la loi.

Mais quant au tort simplement éventuel ou constructif, pour ainsi dire, qu’une personne peut causer à la société sans violer aucun devoir précis envers le public et sans blesser visiblement aucun autre individu qu’elle-même, la société peut et doit supporter cet inconvénient, pour l’amour du bien supérieur de la liberté humaine.

Si des adultes doivent être punis parce qu’ils ne veillent pas comme il faut sur eux-mêmes, je voudrais qu’on le fît pour l’amour d’eux, et non pas sous prétexte qu’ils vont se rendre incapables d’accomplir