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un ennemi de la société ; le plus que nous nous croirons permis envers elle, sera de l’abandonner à elle-même ; si tant est que nous n’intervenions pas d’une manière bienveillante, en lui montrant de l’intérêt, de la sollicitude. Il en est tout autrement si cette personne a enfreint les règles établies pour la protection de ses semblables, individuellement ou collectivement. Alors les conséquences funestes de ses actions retombent, non sur elle mais sur les autres, et la société comme protectrice de tous ses membres doit se venger sur l’individu coupable, doit lui infliger un châtiment et un châtiment suffisamment sévère avec l’intention expresse de punir. Dans un cas la personne est un coupable comparaissant devant notre tribunal, et nous sommes appelés non-seulement à la juger mais encore à exécuter d’une façon ou d’une autre notre propre sentence. Dans l’autre cas nous n’avons pas à nous occuper de la punir autrement qu’il n’en sera peut-être, si nous usons pour régler nos propres affaires de la même liberté que nous lui accordons pour les siennes.

Beaucoup de personnes refuseront d’admettre la distinction établie ici, entre la portion de la conduite d’un homme qui ne touche que lui et la portion qui touche les autres. On nous dira peut-être : comment une partie de la conduite d’un membre de la société peut-elle être indifférente aux autres membres ? Personne n’est complètement isolé : il est impossible