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ces deux choses sont la liberté et la variété de situation ; la seconde de ces deux conditions se perd chaque jour en Angleterre. Les circonstances qui environnent les différentes classes et les différents individus et qui forment leur caractère, prennent journellement plus de ressemblance. Autrefois, les divers rangs, les divers voisinages, les divers métiers et professions, vivaient dans ce qu’on pourrait appeler des mondes différents ; à présent ils vivent tous, à un très-haut degré, dans le même monde. Maintenant, comparativement parlant, ils lisent les mêmes choses, écoutent les mêmes choses, voyent les mêmes choses, vont aux mêmes endroits ; ils ont leurs espérances et leurs craintes dirigées vers les mêmes objets, ils ont les mêmes droits, les mêmes libertés et les mêmes moyens de les revendiquer. Si grandes que soient les différences de position qui restent encore, ce n’est rien auprès de celles qui ont disparu. Et l’assimilation marche toujours. Tous les changements politiques du siècle la favorisent, puisqu’ils tendent tous à élever les basses classes et à abaisser les classes élevées. Toute extension de l’éducation la favorise, parce que l’éducation réunit les hommes sous des influences communes et leur donne accès à tous au fonds général des faits et des sentiments universels. Tout progrès dans les moyens de communication la favorise, mettant en contact personnel les habitants d’endroits éloignés, et entretenant