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volonté ou de raison. Déjà les caractères énergiques sur une vaste échelle deviennent purement légendaires. À présent, dans notre pays, l’énergie ne trouve plus guère à s’exercer que sur les affaires. L’énergie qu’on y dépense peut encore être regardée comme considérable. Le peu qui en reste ensuite est employé à poursuivre quelque marotte qui peut être une marotte utile, et même philanthropique, mais qui est toujours une chose unique, et généralement une chose de peu d’importance. La grandeur de l’Angleterre est maintenant toute collective. Individuellement petits, nous ne semblons capables de rien de grand que par notre habitude d’association ; et avec cela nos philanthropes moraux et religieux se tiennent pour parfaitement satisfaits. Mais ce sont des hommes d’une autre trempe qui ont fait l’Angleterre ce qu’elle a été, et des hommes d’une autre trempe seront nécessaires pour l’empêcher de décliner.

Le despotisme de la coutume est partout l’obstacle perpétuel à l’avancement humain, parce qu’il livre une lutte incessante à cette disposition de viser à mieux que la coutume, qu’on appelle, suivant les circonstances, l’esprit de liberté, ou bien l’esprit de progrès et d’amélioration. L’esprit de progrès n’est pas toujours un esprit de liberté, car il peut vouloir imposer le progrès à des gens qui ne s’en soucient pas ; et l’esprit de liberté, quand il résiste à