supposer qu’il s’est déclaré un puissant accès de progrès moral, et l’on sait ce qu’on a à attendre. De nos jours un tel mouvement s’est déclaré. On a beaucoup fait pour accroître la régularité de conduite et décourager les excès, et il y a partout un esprit philanthropique qui trouve son exercice le plus attrayant dans l’amélioration de nos semblables en fait de morale et de prudence.
L’effet de ces tendances, le voici : le public est plus disposé qu’autrefois à prescrire des règles générales de conduite, et à tâcher de ramener chacun au type reçu. Et ce type, qu’on l’avoue ou non, est de ne rien désirer vivement. Son idéal de caractère est de n’avoir aucun caractère marqué ; on doit mutiler par la compression, comme le pied d’une chinoise, toute partie saillante de la nature humaine qui tend à rendre une personne tout à fait différente extérieurement du commun des mortels.
Il en est de même ici que pour tout idéal qui exclut la moitié de ce qui est désirable : le type actuel d’approbation ne produit qu’une imitation inférieure de l’autre moitié. Au lieu d’une grande énergie guidée par une raison vigoureuse, et de sentiments puissants puissamment contrôlés par une volonté consciencieuse, on n’obtient que peu d’énergie et des sentiments faibles, qui par conséquent peuvent se conformer à la règle, au moins extérieurement, sans nécessiter grand effort ou de