Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/220

Cette page n’a pas encore été corrigée

de notre époque, c’est de voir si peu d’hommes oser être excentriques.

J’ai dit qu’il est important de donner le plus libre essor aux choses hors d’usage, afin qu’on puisse voir en temps voulu lesquelles d’entre elles méritent de passer en usage.

Mais l’indépendance d’action et le dédain de la coutume ne méritent pas seulement d’être encouragés, comme offrant la chance de créer de meilleures façons d’agir et des coutumes plus dignes de l’adoption générale. Ce ne sont pas non plus uniquement les personnes d’une supériorité intellectuelle bien décidée, qui ont un juste droit à mener la vie qui leur plaît.

Il n’y a pas de raison pour que toutes les existences humaines soient construites sur un modèle unique, ou sur un petit nombre de modèles. Si une personne possède une somme raisonnable de sens commun et d’expérience, sa propre manière d’arranger son existence est la meilleure ; non pas parce que c’est la meilleure en soi, mais parce que c’est la sienne propre. Les êtres humains ne sont pas comme des moutons, et les moutons eux-mêmes ne se ressemblent pas tous à ne pouvoir les distinguer. Un homme ne peut avoir un habit ou une paire de souliers à sa convenance, à moins qu’il ne les commande ou qu’il n’ait à choisir dans tout un magasin. Est-il donc plus facile de lui fournir une vie qu’un habit,